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воскресенье, 16 февраля 2014 г.

La France transformée en gruyère

La France transformée en gruyère Toujours plus de béton, toujours plus de sable, donc plus de trous. Mais un coup de frein se prépare. « La prairie normande ne doit pas être transformée en trous d'eau. » Ce cri de guerre mobilise toute la vallée de l'Eure. Région réputée pour le calme de ses vallons, mais aussi pour la distinction et l'influence de ceux qui y possèdent des résidences secondaires. Motif de leur inquiétude : les sabliers menacent de transformer leurs villages en cités lacustres à force de creuser le sol à la recherche de sable et de cailloux. La vallée de l'Eure n'est pas la seule en révolte : quelques centaines de manifestants ont protesté, récemment, dans les rues de Tourrette-Levens, près de Nice, contre la vente à un carrier du site du Mont-Revel ; des élus alsaciens s'inquiètent des gravières multiples qui défigurent la vallée du Rhin entre Strasbourg et Colmar. Même son de cloche au bord de la Loire, de la Garonne, de la Saône et de la Moselle. A croire que toute la France est menacée de ressembler à un gruyère. Elle l'est, si l'on n'y prend garde : 220 millions de tonnes de sable et de graviers ont été consommées en France, l'an dernier. Ce chiffre double tous les sept ans. Routes, immeubles, barrages, digues : les villes et l'industrie réclament toujours plus de béton, donc toujours plus de sable et de cailloux. Pour répondre aux besoins grandissants, les sabliers ont reçu toute liberté, à commencer par celle d'user et d'abuser du sol, comme personne, en France, ne l'avait jamais fait. En vert. Les militants de là vallée de l'Eure viennent de s'apercevoir qu'il n'était pas facile de mettre fin à ces droits exorbitants. « Quand je suis arrivé à la mairie, en mars 1971, j'ai été stupéfait de trouver sur mon bureau une demande d'exploitation de 545 ha, sur nos terres et celles des trois communes voisines », explique M. Max Ferrand, maire d'Hardencourt. Stupéfaction bien compréhensible : le site d'Hardencourt est tellement protégé que l'Administration obligea un jour le propriétaire d'un poulailler à en peindre le toit en vert pour qu'il se confonde avec les champs. Devant la menace des sabliers, bien plus grave pour leur environnement, les quatre maires ont rédigé un rapport exposant leurs inquiétudes : la destruction du site, les trous d'eau aux pentes raides, où risquent de se noyer les enfants, le bruit des trieuses et des concasseuses, les camions qui défoncent les petites routes, la pollution qui menace, au-delà des ballastières, la nappe phréatique et l'Eure elle-même. Le tout, pendant quinze ans. « Nous voulons au moins être sûrs que les trous seront aménagés et bordés d'arbres, explique M. Daniel Noël, adjoint au maire. Mais, même si nous n'obtenons pas cette garantie, nous savons que, de toute façon, l'Administration peut se passer de notre accord, et exproprier d'office les propriétairDu coup, tous les propriétaires, de Chartres aux Andelys, s'affolent. L'inscription de la région à l'Inventaire des sites pittoresques ne les a pas rassurés. L'Amicale des vallées de l'Eure, de l'Avre et de la Biaise déclare : « Nous irons, s'il le faut, jusqu'au Conseil d'Etat, pour dénoncer l'insuffisance des réglementations. Et les dérogations. »(...) Mettre un frein à la liberté des sabliers et des carriers exigerait, en effet, beaucoup de fermeté : 250 entreprises, dispersées à travers la France, se partagent un chiffre d'affaires de 4 milliards de francs. Peu d'investissements, mais une fantastique rentabilité. Certains sabliers arrivent à vendre leur terrain quatre fois : ils vendent d'abord les arbres, puis le terreau à des horticulteurs, ensuite le gravier, motif officiel de l'entreprise. Et, enfin, le trou que l'on transformera en décharge, ou en étang à l'usage des pêcheurs. A ce rythme, le sable serait de l'or, s'il n'y avait le coût du transport. Le seul problème de la profession, c'est d'être au plus près du lieu de construction : « Sous la place de la Concorde, je suis sûr qu'il y a un excellent gravier », dit le directeur, rêveur, d'une importante société de ballastières (...). Alertés par les manifestations, qui se succèdent de toutes parts, les fonctionnaires de l'Environnement préparent, pour la fin du mois de février, en liaison avec le ministère de l'Industrie, des textes qui limiteraient les droits des sabliers et les obligeraient à réaménager à leurs frais les ballastières épuisées. Une taxe serait même créée pour alimenter un fonds destiné à ces aménagements. Elle permettrait aussi de dresser un inventaire, jamais fait, des ressources disponibles et exploitables en France. La profession tout entière s'insurge. Pourtant, ce remède, avant même d'être appliqué, risque d'être insuffisant. Quand les vallées auront toutes été transformées en lacs et en étangs, où ira-t-on ? Dans la Manche, comme le font les Anglais depuis dix ans ? Mais les pêcheurs normands commencent déjà à protester. Reste une solution : utiliser, dans le béton, d'autres matériaux : des pierres concassées, des argiles cuites ou des schistes expansés comme le font déjà les Allemands et les Suédois. Ce serait la fin des sablières. Et aussi des sabliers. F. Monier Il est aussi des atteintes moins perceptibles : les décharges à proximité des villes, en milieu rural mettent en cause des mentalités, des comportements individuels ou collectifs : décharges clandestines, cimetières de voiture... Circuits de ramassage, usines de transformation ne résolvent pas tous les problèmes : déchets toxiques, emballages perdus... Sommes-nous une civilisation des déchets ? Les constructions anarchiques ou de goût douteux (formes, couleurs), certaines implantations de locaux préfabriqués, de lignes électriques défigurent souvent le paysage, sans parler de la multiplication des panneaux publicitaires... Erreurs, ignorances, dangers graves mettent en évidence la nécessité d'une action, tant au plan collectif qu'individuel. »

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