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воскресенье, 26 мая 2013 г.

L’éducation aux valeurs face aux défis de la mondialisation

L’éducation aux valeurs face aux défis
de la mondialisation

Mokhtar El Harras
1. Introduction
L’éducation aux valeurs est une composante essentielle de l’éducation scolaire. Du fait que ce sont les valeurs qui déterminent, dans une large mesure, les normes, les attitudes et les conduites des individus, leur intérêt pour l’action éducative est primordial. Tant que l’institution scolaire tend, non seulement à instruire, mais aussi à éduquer, les valeurs doivent nécessairement y occuper une place de choix. Aussi longtemps que l’école cherche, non seulement à qualifier et à former les enfants et les jeunes mais aussi à en faire des citoyens pleinement impliqués dans la dynamique de développement social, civique, et politique de leur pays, l’éducation aux valeurs s’avère incontournable.
Toutefois, si dans la société traditionnelle Marocaine les valeurs étaient, fondamentalement, le produit d’une dynamique sociale, culturelle et politique interne, actuellement d’autres lieux de production des valeurs se sont imposés autant aux enfants et jeunes qu’aux institutions chargées de les éduquer. Sur le plan de l’éducation aux valeurs, les médias modernes représentent autant de défis à la socialisation scolaire. La mondialisation est devenue tellement prégnante que sa prise en considération dans toute entreprise d’éducation aux valeurs est devenue inéluctable. La crise de l’école dans presque toutes les sociétés du monde actuel [1] nous interpelle, plus que jamais auparavant, à revisiter la question du rapport des valeurs scolaires à la mondialisation en cours.
Toutefois, les valeurs s’inscrivent dans des configurations diverses :
  • Il y a des valeurs universelles communes que tous les systèmes éducatifs contemporains doivent nécessairement promouvoir. L’on se réfère, notamment, aux valeurs de la démocratie, impartialité, responsabilité, intégrité, participation, coopération, attention, respect, excellence, liberté, tolérance…
  • Les valeurs sociales/conventionnelles qui varient d’un groupe ou contexte social à l’autre ;
  • Les valeurs individuelles (patience, Travail, intégrité, autodiscipline, etc.
  • Les valeurs relationnelles telles que celles du partage, bonté, coopération, tolérance, etc. [2]
D’autre part, les valeurs deviennent un enjeu de taille chaque fois que des questions de résistance, d’origine, d’authenticité, de frontière et de transgression des frontières sont-elles posées. Les valeurs déterminent aussi des émotions telles que la peur, la honte, le remords et l’espoir. En tant que constructions culturelles, elles sont même susceptibles de devenir des matériaux dangereux, particulièrement, quand elles sont utilisées à caractériser l’autre en tant qu’entité pure, ou l’opposé de notre propre culture.

Le phénomène de la mondialisation
Sans prétendre à l’exhaustivité, limitons-nous à signaler que nous assistons actuellement à l’émergence d’un monde auquel l’on n’a pas cessé d’appliquer diverses sortes d’appellations : « Global Village », « Société informatique », « Société-Réseau », « Système-monde »,  « Langue Mondiale », [3] « Risque Global » [4], « Monde sans l’Autre », etc.  Le monde actuel se caractérise de plus en plus par l’intensification des interactions transfrontalières, la diffusion à large échelle des industries culturelles mondiales, le renforcement de la centralisation des activités économiques au niveau planétaire, la perte progressive de la notion de « lieu » concernant l’existence des groupes, l’exercice du travail et le mouvement des capitaux, et la recrudescence d’une prise de conscience des individus de l’existence de cette mondialisation à travers la mobilité touristique, l’usage des médias et la consommation. Il s’agit d’une mondialisation qui s’impose à nous, et ce, à tel point que l’on n’a pas d’autre choix que d’apprendre à s’y adapter.
Rappelons que la mondialisation s’est développée fondamentalement sous l’effet de facteurs tels que :
  • Le rôle ascendant des sociétés multinationales dans l’économie mondiale ;
  • Le flux des informations et des images circulant à travers le monde ;
  • Le développement de mécanismes régionaux et internationaux en plusieurs domaines de l’activité humaine ;
  • L’émergence d’organisations intergouvernementales et non gouvernementales s’activant à l’échelle internationale ;
  • L’accentuation de la crise économique et les politiques économiques qui en dérivent à l’échelle mondiale ;
  • La propagation de valeurs mondiales telles que celles des droits de l’Homme, de la démocratie, de l’environnement,  etc. [5].

D’autre part, la mondialisation est irréversible. Cela est dû aux facteurs suivants :
  • La densité croissante du commerce mondial, du réseautage international des marchés financiers, et la recrudescence du pouvoir des multinationales ;
  • La révolution informatique qui se poursuit ;
  • Le flux quotidien d’images produites par les industries culturelles mondiales ;
  • Les revendications mondiales dans le domaine de la démocratie, des droits de l’Homme et de l’environnement ;
  • Le renforcement continu du pouvoir des institutions internationales ;
  • La lutte contre la pauvreté qui ne peut se développer efficacement qu’à l’échelle planétaire ;
Signalons, cependant, que l’approche conceptuelle de la mondialisation a conduit le sociologue allemand Ulrich Beck à faire la distinction entre trois concepts voisins :
1. Mondialism : qui réfère à la prééminence de l’économie sur tout ce qui est politique, culture, éducation, environnement, société civile, etc. (le néolibéralisme en est l’expression politico-économique) ;
2. Mondialité : C’est la vie dans une société mondiale où aucun pays ni aucune communauté ne peuvent se refermer sur eux-mêmes face aux autres ;
3. Mondialisation : C’est l’ensemble des processus par lesquels des acteurs internationaux porteurs de formes diverses de pouvoir, tendances, identités, réseaux, etc., réduisent le pouvoir des Etats nationaux [6].
Chacun de ces concepts représente un défi pour l’éducation aux valeurs dans notre système éducatif. Comment ? L’on a mis l’accent tantôt sur les valeurs pouvant assurer la réussite sur le marché de l’emploi, tantôt sur celles pouvant assurer une certaine force de résistance face aux valeurs de la mondialisation.
La mondialisation est un processus qui n’est pas seulement économique, mais aussi culturel, social, politique, juridique, écologique, civil, scientifique, sécuritaire, etc. Aussi les valeurs à développer au sein de l’école doivent-elles prendre en considération la diversité des dimensions de la mondialisation.
La mondialisation diffuse ce qui positif, et ce qui est négatif (réseaux de trafic de drogues, corruption, terrorisme, exploitation sexuelle des enfants, etc.). Elle combine les valeurs de la modernité et celles de la post-modernité :
  • Scepticisme (valorisation des sensations et intuitions au détriment de la raison) ;
  • Dévotion pour ce qui est neuf pour la simple raison qu’il est neuf ;
  • Surconsommation ;
  • Opportunisme ou occasionalisme : qui privilégie le présent (le ici et maintenant) au détriment du passé et du futur ;
  • Ahistoricisme : qui renonce à la compréhension de l’histoire, et partant, à la construction du futur à partir d’une vision du passé ;
  • Cela en plus de l’accentuation de l’intolérance, de l’absence de solidarité et de la culture « du sauve qui peut » [7].

La dialectique du local et du global
Si la mondialisation tend à renforcer l’uniformité  et l’homogénéité sur le terrain des valeurs, la réaction à ses effets manifeste la diversité des valeurs. Dans quel sens l’éducation aux valeurs devrait-elle s’orienter ? Est-ce qu’elle devrait uniformiser les valeurs pour donner aux enfants une identité propre et construire la nation ? Ou devrait-elle tendre, plutôt, à combiner les valeurs locales et les valeurs globales ?
L’influence de la famille, des pairs et des médias sur les valeurs des enfants est actuellement plus décisive que celle de l’école. Toutefois, quand on compare l’impact relatif de tous ces acteurs, l’on constate que ce sont surtout les médias qui transmettent aux enfants les valeurs de la mondialisation.
En plus, vu que l’école se caractérise par une certaine contrainte, les enfants peuvent plus facilement résister aux valeurs qu’elle leur transmet. Comment joindre l’éducation aux valeurs à la désirabilité de l’apprentissage ?
Les TIC sont en train de se propager à travers le monde comme jamais auparavant. Le temps que les enfants consacrent aux médias réduit l’impact de l’école. Les héros des enfants ne sont plus dans les livres scolaires, mais plutôt dans les films, les magazines, les jeux vidéos, etc. L’école est souvent critiquée pour son incapacité à contrecarrer les valeurs transmises par les médias. De tels changements se traduisent par une réduction de l’impact de la scolarisation en tant qu’instrument d’intégration sociale.
En réponse à la globalisation, le système éducatif est en train de mettre en avant les valeurs suivantes :
_ Compétitions et collaborations à l’échelle internationale,
_ Benchmarks
_ Partenariat international
_ Echange international
_ Partage international (notamment, à travers les vidéo-conférences)
_ Maximisation de la motivation, de l’initiative et de la créativité parmi les élèves
Il est fondamental de promouvoir la connaissance locale face à la mondialisation. Mais tel un arbre, cette connaissance doit avoir ses racines dans les valeurs et les traditions locales, et en même temps absorber les ressources utiles et pertinentes du système global de connaissance. Le renforcement de la connaissance locale dans une éducation globalisée requiert une identité locale, et donc, des valeurs locales et des racines culturelles. Il faut sélectionner, dans la connaissance globale, les éléments susceptibles de renforcer la connaissance locale. Cet objectif ne peut être atteint qu’en s’inspirant de la culture et des valeurs locales. Le résultat que l’on attend d’une telle action c’est de pouvoir développer une personne locale avec une perspective  globale, une personne ayant la capacité d’agir localement et de se développer globalement.
Comment l’école pourrait-elle développer notre identité culturelle et nos valeurs traditionnelles tout en multipliant et en diversifiant nos interactions avec la connaissance  globale ? Comment pourrait-on utiliser cette dernière pour développer notre culture locale ?  En ayant une éducation scolaire bien enracinée dans la culture et les valeurs locales, l’on court moins le risque de se voir déstabilisés par les effets de la mondialisation. Plus encore, seul le développement réussi de la communauté locale et du système de connaissance local est susceptible de contribuer au développement de la communauté globale et de la connaissance globale.
Il est fondamental de préserver autant que possible la singularité de notre culture et de nos valeurs, d’entretenir un contexte d’accueil spécifique aux produits de la mondialisation. Ce qui susceptible de générer une consommation locale différente, et une interprétation culturelle différente de ces produits (Glocalization). L’exemple des combinaisons musicales [8] et nutritionnelles est particulièrement révélateur de la composition culturelle qui est en train de se développer. Ce sont les valeurs que l’on transmettra à nos enfants qui leur permettraient, soit d’utiliser de manière créative les produits de la mondialement et conformément à leurs besoins locaux, soit de se limiter à les reproduire sous une version corrompue au détriment de leur culture locale.
Si l’on veut changer les politiques mondialistes, il faut travailler sur le local (Voltaire : aux grands maux, les petits remèdes). C’est bien au niveau local que des valeurs, des cultures et des langues diverses coexistent. C’est au niveau de l’espace local que nous vivons la mondialisation. C’est à partir du local que nous tissons des rapports avec le monde et que nous constituons des communautés virtuelles. Aussi le seul moyen d’éviter la marginalité est-il de vivre pleinement la dialectique du local et du mondial. La citoyenneté globale passe nécessairement par la citoyenneté locale. L’on ne peut aimer les autres lointains que si l’on aime ceux qui vivent à proximité de nous. L’on ne peut respecter les autres identités, cultures et langues que si l’on adopte, d’abord, cette même attitude envers nos valeurs et notre culture. Celui qui ne connait pas ses valeurs, sa culture et son histoire, difficilement pourrait-il devenir un citoyen global. L’identité locale est une condition nécessaire à la compréhension et à la pratique de l’identité globale.
D’ailleurs, la mondialisation contribue à renforcer les cultures locales (« Mondialisation du nationalisme ») [9]. L’affirmation selon laquelle plus de mondialisation génère plus de culture mondialisée s’est avérée fausse [10] : relativisme culturel au lieu d’universalisme. Face aux effets d’érosion et de fragmentation des cultures locales, une « mondialisation des nationalismes » s’affirme de plus en plus.
Face au risque de distorsion des produits de la mondialisation, l’école est appelée à développer chez les élèves la capacité à utiliser positivement ses acquis, à sélectionner ce qui pourrait être pertinent et fonctionnel dans le cadre de leur culture.
L’éducation aux valeurs risque de nous conduire, soit à nous soumettre à une homogénéisation culturelle globale sous l’emprise de l’Occident, et par ce biais, à développer les mêmes valeurs de l’Occident  avec les mêmes contenus et significations dans notre école, soit à opter pour le dialogue culturel, l’échange culturel et l’enrichissement de la culture moderne par des valeurs locales et des interprétations émanant de notre propre contexte culturel.

Conclusion
Une école axiologiquement neutre et vide en termes de valeurs ne peut générer des comportements positifs et stables. Une école qui ne joint pas les valeurs aux faits ne peut ouvrir la voie au développement des valeurs et des attitudes. Il est possible que certaines valeurs et attitudes circulent sporadiquement à travers ses activités éducatives, mais presque jamais une constellation de valeurs et d’attitudes humanitaires à même d’imprégner fortement le comportement des individus.


L’école a le devoir de cultiver et de développer les valeurs qui conduisent au rejet et à la lutte contre les fléaux de la mondialisation, mais aussi d’engager avec elle les dialogues et les échanges à même de promouvoir, à la fois, l’enrichissement de la culture locale et la participation active aux dynamiques qu’elle ne cesse de développer.  Aussi est-il fondamental de réorganiser notre vie et notre politique éducative autour d’un axe « local – global » où il serait possible, non seulement de résister aux effets déstabilisateurs de la mondialisation et de préserver nos différences et particularités, mais aussi de pouvoir donner un sens local aux messages culturels qui nous sont continuellement transmis.

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