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понедельник, 21 сентября 2015 г.

Conversation // III annee // Êtes-vous original ou suiveur ?

Le tatouage, marque d'originalité... Ou d'imitation ?

Êtes-vous original ou suiveur ?
Publié dans Tatouage Magazine n°101 (nov/déc 2014)
Texte : Grenouille

D'un côté, pros et« puristes » revendiquent un art : Reconnu en tant que tel par nombre de médias, le tatouage a désormais sa place dans les galeries et les musées(1). A l'opposé de cette conception, on parle de phénomène de mode, pourtant contradictoire avec le caractère permanent du dessin intradermique et irréversible... Alors, deux formes de tatouage ?

« Tatouage, esprit de revanche...Tatouage, marque de souffrance... » chantait il y a plus de 20 ans le groupe punk Molodoï... Elle est bien loin l'époque où tatouage était synonyme de marginalité. A l'heure où plus d'un français sur dix affiche au moins un dessin sur la peau, l'explosion du tatouage et sa sacro-sainte démocratisation lui ont inévitablement retiré un peu de son authenticité dans la conscience collective. Si les artistes tatoueurs et l'originalité des graphismes ne cessent de se multiplier, les enseignes proposant du tattoo quasiment à la chaîne se frottent aussi les mains.Pendant qu'on commence à parler de 10ème art, on assiste en parallèle à une standardisation des symboles, inimaginable à l'époque de Molodoï...

Quand la mode s'empare du tatouage
Le rapprochement avec la mode ne date pourtant pas d'hier : On pourrait retrouver les prémices du tatouage moderne avec les premiers défilés de mannequins tatoués (même pour de faux) au début des années 90. Qui aurait pu imaginer que cette « innovation » des créateurs de mode deviendrait un accessoire imité par des millions de gens en quelques années ? Déjà pourtant, le tatouage artistique s'impose : Quelle plus belle illustration que la réalisation sur commande des icônes tatouées par le tatoueur Tin-tin pour le couturier Jean-Paul Gaultier ? Si la mode respecte désormais l’œuvre du tatoueur, elle use largement de ses créations, non seulement pou en décorer ses mannequins, mais également ses vêtements, ses produits dérivés (cosmétiques, accessoires...) ou ses publicités.

De la mode au star-system
Suite logique, les tatouages parent les personnalités publiques : Sportifs de haut niveau, vedettes de cinéma, célébrités musicales ou autres affichent petits et grands tattoos qui contribuent au jeu de l'image médiatique. La jurisprudence a même veillé à protéger l'art des tatoueurs, comme par exemple en condamnant la maison de disques de Johnny Hallyday pour contrefaçon : Le dessin du tatoueur ne peut en effet faire l'objet d'un usage commercial sans son autorisation... Les juges ont tout de même admis au tatoué le droit d'exploiter son image dans la mesure où le tatouage apparaît « de manière accessoire »... Et c'est bien là que le bât blesse : Le tatouage est en passe de devenir – aussi – un accessoire de mode !

Banalisation de l'acte
Se faire tatouer est peut-être sensiblement moins douloureux en 2014 qu'en 1994 : Les machines ont quelque peu évolué, laissant parfois place à des objets quasiment silencieux et, dit-on, beaucoup plus « doux » à l'acte. Il n'en reste pas moins qu'on se tatoue toujours « par effraction cutanée » : L'anesthésie restant proscrite, ça fait toujours mal on vous rassure ! Suffisamment pour ne pas rendre la démarche anodine (sans compter l'aspect sanitaire), mais pas assez pour freiner les milliers de nouveaux adeptes qui franchissent chaque année la porte d'un studio de tatouage ou l'enceinte d'une convention (plusieurs dizaines sont organisées sur la France entière toutes saisons confondues). D'ailleurs, ils sont nombreux à vous mentir et à prétendre que « ça ne fait pas mal »... Contribuant ainsi à banaliser un acte, qui était jadis réservé aux vrais, aux durs, aux tatoués !

T'as tout d'un original ?
Combien de tatoueurs déplorent les innombrables étoiles et symboles de l'infini demandés par des clients lambda pourtant persuadés de faire acte de fantaisie ? Or ils sont si nombreux à faire de leur tatouage une marque de conformisme : Génération copier-coller... Ils sont nettement plus rares à exiger une pièce unique et personnelle, œuvre exclusive d'un artiste tatoueur expressément choisi pour son style graphique ou ses thèmes de prédilection. Se faire tatouer n'a depuis longtemps plus rien d'original : C'est ce que l'on se tatoue qui fait qu'on est un tatoué unique !

Prendre le temps... Ou pas !
C'est donc la réflexion que l'on accorde à la définition du tatouage et au choix du tatoueur qui peut distinguer le tatoué « d'imitation » du tatoué collectionneur : Le premier se contente de choisir un motif et de l'imposer au premier tatoueur rencontré, n'ayant pas même un regard sur la qualité de ses réalisations (et prenant ainsi grandement le risque de le regretter amèrement) ; Le second mûrit le thème et parfois la composition de son futur tatouage, et s'adresse à son tatoueur comme un amateur d'art s'adresse à un peintre reconnu : Il connaît et respecte son œuvre, et souhaite parfois carrément s'offrir une toile de maître... Il a sans aucun doute une conscience aiguë du caractère définitif de sa décision, se projetant plusieurs années dans l'avenir et assumant cette étape de sa vie !

Du définitif sur du provisoire
C'est ainsi que l'un des plus célèbres tatoués parle de ses tatouages(2),et il faut croire que dans une société où tout bouge trop vite, peu de choses aussi fortes permettent de fixer durablement un signe identitaire. Au-delà du « phénomène » décrit comme pouvant être une mode, n'est-ce donc pas la volonté de conjurer le vieillissement et son issue fatale qui motivent tant de quarantenaires à franchir le pas pour la première fois ? Souvent à l'occasion d'une période importante de leur vie : Enfants qui grandissent, divorce, décès d'un proche, déménagement, reconversion professionnelle, découverte d'une nouvelle passion, etc. On marque le coup ou on se fait plaisir... En tous cas, on a osé ! Et c'est ça qui nous rend finalement différents des non tatoués !

(1) « Tatoueurs, tatoués »,exposition au Musée du Quai Branly, du 6 mai 2014 au 18 octobre2015.
(2) Pascal Tourain, auteur et interprète du spectacle « L'Homme Tatoué », présent sur plusieurs conventions.

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